Si vous entrez : « Saint-Jean-Baptiste »
dans votre barre de recherche, vous tomberez sur « Fête nationale du
Québec ». Oui, mais alors, nous qui vivons en Saskatchewan, pourquoi
célébrons-nous cette fête ? Et pas seulement en Saskatchewan, puisque la Saint-Jean-Baptiste
est célébrée à travers le pays. Alors, qu’est-ce que c’est ?
Avant de venir de mon pays, la France,
je ne célébrais pas la Saint-Jean-Baptiste, mais la Saint-Jean. Durant mon
enfance, nous nous rendions sur les quais de la Seine où un grand bûcher avait
été disposé (et quand je dis grand, je pèse mes mots !) dans l’attente d’être
embrasé dans la soirée. La journée voyait la rue de la République (artère
principale de ma ville natale) remplie d’exposants pour la grande foire à tout
annuelle, l’équivalent des ventes de garages que l’on peut voir ici.
Généralement, nous avions droit à un concert en plein air avant que le feu ne
prenne, à la nuit tombée. C’était – et c’est probablement toujours – une fête
populaire. Je lui préférais, quand même, la Saint-Martin ou les gigantesques
feux d’artifice que l’on tirait le 14 juillet dans le parc de la Marquise, à l’occasion
de la fête nationale française.
La Saint-Jean est une fête
populaire, aux origines païennes. Elle se célèbre au mois de juin, vers le
Solstice d’été. À l’origine, on ramassait du bois que l’on faisait brûler à la
manière d’un feu de joie. Cette célébration s’accompagnait de danses. C’était,
généralement, les jeunes gens qui étaient chargés de ramasser le bois pour
constituer le bûcher. C’était la fête de la jeunesse.
Je me souviens qu’on disait qu’il
fallait que le bûcher brûle intégralement. Si, par malheur, il s’éteignait ou
que les flammes ne voulaient pas prendre, alors une catastrophe arriverait dans
l’année. On m’a même rapporté que c’était déjà arrivé par le passé, et que
notre ville n’avait pas été épargnée lors des grandes guerres de 1870, 1914 et
1939. Après, je ne peux garantir la véracité de ces affirmations…
La Fête de la Saint-Jean, Jules Breton, 1875
Aujourd'hui, je ne célèbre plus
la Saint-Jean, mais la Saint-Jean-Baptiste. Plus de foire à tout, plus de
bûcher (en même temps, ce serait à la fois risqué et complètement fou en
Saskatchewan avec le vent impressionnant qui balaie les plaines !), mais
toujours un concert.
Nous célébrons le plaisir de se
retrouver en famille, entre amis, entre voisins, entre connaissances. Nous
célébrons la belle langue française et le passage de celle-ci aux nouvelles
générations. Et, si les enfants et les jeunes ne ramassent plus des fagots qu’ils
font brûler en autant de feux de joies, c’est tout de même la jeunesse que nous
célébrons et que nous célébrerons le 24 juin prochain, ici même, à Ponteix en
Saskatchewan.